#Tiers Lieux #Co-Living #Co-Working #Economie du Partage #Finance Socialement Responsable
2015: J’ai décidé de m'impliquer dans le mouvement du Co-Living, du Coworking et des Tiers Lieux pour voir éclore de nouveau lieux de vie alternatifs, sources de lien et sens, dans un retour nécessaire à l’esprit village.
1/ Tiers-Lieux, Co-Living, Co-Working, une opportunité pour la ville?
Gilets jaunes, populisme, premiers chocs des changements climatiques… Pour faire face, notre société de biens doit évoluer en une société de lien, la grande oubliée des dernières décennies.
J’en suis convaincu.
L’ancrage dans des lieux physiques (et pas seulement des lieux numériques) est une opportunité pour l’intelligence collective, les projets innovants, la solidarité. Ces lieux sont surtout capables d'écrire un nouveau récit collectif. Selon Yuval Noah Harari (cf. Sapiens) c’est justement le récit collectif, c’est à dire la création d’une culture commune, qui nous a permis de nous retrouver au sommet de la chaîne alimentaire.
Le développement des tiers lieux, des espaces de co-living, co-working font partie de ces nouveaux lieux hybrides.
Ils sont déjà près de 1300 en France selon la mission Tiers Lieux du Ministère de la cohésion territoriale.
2/ Un remède aux villes inaccessibles et vies isolées?
Quand nous avons créé le collectif “Co-Liv”, Do-Tank international du co-living, nous voulions fédérer les meilleurs initiatives. Et plus précisément favoriser l'accessibilité par l’économie du partage en luttant contre la solitude urbaine.
J’ai décidé d’avoir plus d’engagement en fondant VITANOVAE, entreprise à mission, et participer en tant qu'entrepreneur social au projet d’une ville plus inclusive.
“Les grandes métropoles deviennent le territoire exclusif des riches”. Comme le note dans son étude Leilani Farha, rapporteuse spéciale de l'ONU sur le logement convenable, le phénomène est mondial et s'amplifie.
Plus près de nous, Robin Rivaton dans son dernier ouvrage, la “ville pour tous” propose une refonte musclée de la fiscalité de la ville, pour ne pas laisser le logement comme un investissement spéculatif comme les autres.
Il a sans doute raison. La création de nouveaux lieux "inspirants" ne résoudra pas à elle seule la crise actuelle.
Par contre, le renouveau de l’esprit village peut devenir un outil stratégique de changement de culture (la conscience collective) et devenir le creuset d'innovation pour changer notre modèle de société.
Le Gouvernement mise d’ailleurs dessus en lançant le 17 juin dernier son programme interministériel « Nouveaux lieux, nouveaux liens ». (Porté par le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.)
3/ Leur financement : au sources de la dystopie ?
Souvent les objectifs de rentabilité et le besoin profond de renforcer les liens sociaux sont au final très souvent perçus par l’économie comme antagonistes. Un constat souvent partagé lors de l’analyse de projet, car investir dans la communauté nécessite des moyens sur le temps long.
Pour être très vite rentables, nombre de marques s’alignent sur les exigences de leurs investisseurs. Les fonds souhaitent un taux de rendement annuel (TRI) de 10 à 15% suivant leur appétit. Autant dire des gains plus rapides que le rythme des salaires et de la ville.
Pour les opérateurs ainsi financés, la “communauté”, se limite très vite à une clientèle de riches “Millenials”. L’esprit collaboratif est plutôt packagé dans une offre de services. Gage de réseau professionnel bien sûr, mais certainement pas gage de lien à l’échelle des quartiers et des villes.
De nouvelles “bulles” dans la bulle citadine.
Le risque de dystopie est bien là : hausse de la gentrification, ségrégation par classes sociales et classes d'âge, fracture sociale renforcée...etc
La question demeure; peut-on survivre au phénomène de l’industrialisation en mode “Starbucks” ? Est-ce la fin de la promesse sociétale des Co-Livings, Co-Working & Tiers Lieux?
4/ (Re)Penser la ville comme un investissement durable et responsable.
Créer un ancrage physique et un sentiment d’appartenance signifie investir dans la culture, ce fameux “récit collectif”. Celui d’un lieu, d’un écosystème, d’un quartier et d’une ville à part entière.
Il faut (re)penser l’immobilier non pas en terme de bâti, ni uniquement en terme d’usages, mais aussi en terme de contenu, d’animation, d’écosystèmes et de synergies humaines.
Avec mon entreprise Vitanove, nous ouvrons des séries de lieux , regroupés à l’échelle du quartier.
Par exemple, à Bordeaux, nous sommes parti d’une résidence de co-living pour jeunes actifs “Le patio des faures”, puis d’une maison partagée “La maison de Tanesse” et nous ouvrons bientôt un tiers lieu de quartier “la cuisine de Camille” avec un immeuble et des maisons en arrière cour.
Chacune des adresses participe à la convivialité. Au patio des Faures, nous proposons le partage d’objets entre les habitants ( raclette, glacière, jeux…), les activités de potager, le compostage... Le commerce en RC fait office de conciergerie. “La cuisine de camille” va permettre d’offrir à nos résidents un lieu pour travailler, cuisiner et se retrouver. Mais il sera aussi ouvert à tous les acteurs du quartier : associations, cours et activités pour adultes et enfants.
Nous investissons en « tissant » jour après jour un écosystème durable.
Comment ? En partageant nos espaces : les tarifs deviennent très abordables. Une grande majorité des Français pourrait habiter chez nous.
Puis en créant du lien : nous nous assurons durablement de la désirabilité - durabilité de nos investissements. Et oui, les gens ne veulent plus partir !
Voici la beauté du modèle : joie des utilisateurs, collaborateurs engagés, rentabilité au rendez-vous et stabilité financière (régularité et résilience en cas de crise).
Investir dans la communauté c’est choisir la durabilité (et nullement oublier l’économie). C’est une opportunité pour les investisseurs. Là où il fait “bon vivre”, se trouvent les adresses où l’on souhaite habiter (et pas seulement se loger).
Ce sont les futurs et vrais lieux de destination.
Pour construire ce futur, nous avons besoin de financements responsables. C’est à dire soucieux de leur impact, capables de proposer des durées adaptées et des taux de rendement cohérents.
5/ Conclusion
La promesse du co-living, co-working et des tiers lieux sera tenue si les investisseurs tiennent compte de leur impact.
Certains sauront en faire la base d’une stratégie en misant dessus.
En fixant des ambitions sociales et environnementales, ils obtiendront des résultats financiers récurrents et stables.
Ils éviteront aussi les crises financières, en sécurisant ainsi leurs clients tout en participant à la construction d’un ville plus durable. Ville qui supporte leurs investissements et surtout leur espace vital !
Stratégie payante à coup sûr. L'Autorité des Marchés Financiers l'affirme : 45 % des Français sont intéressés par les placements responsables.
Certains me diront que je considère le sujet de manière (trop) sociale et durable…. Ils ont tort. Figurez-vous que même le très ( et à juste titre) controversé Larry Fink, de Black Rock écrivait dans sa lettre de rentrée 2020 " que l’investissement durable représente désormais le meilleur gage de robustesse pour les portefeuilles des clients".
Fabrice Simondi est cofondateur chez VITANOVAE.
#Co-Living #Tiers Lieux #Entreprise-a-Mission